*Cette histoire a été écrite par Ephesian en personne.
« Je m’appelle Fonye Ephesian. Je suis un Camerounais âgé de 21 ans.
Tout a commencé avec des pensées et des croyances prédéfinies et des visions claires. Le courage et les inquiétudes étaient écrits dans mes doutes, me montrant la foi que je n’ai jamais connue. Je me souviens l’été de mes années jeunes et plus spontanées, un jour de grâce et de bénédiction. Ma mère m’a demandé « qu’aimerais-tu être à l’avenir? » Adolescent, plein de beaux rêves, j’ai répondu : « J’aimerais devenir militaire pour te guider et te protéger quand tu grandiras. »
Elle m’a regardé avec un sourire, je pouvais sentir l’amour et la fierté sur son visage. En effet, ma détermination à réussir était si forte que je croyais que l’échec ne viendrait jamais sur mon chemin. La vie continuait comme d’habitude, les jours passaient sans beaucoup de soucis. Mais mon pire cauchemar est arrivé au moment où ma mère a commencé à se sentir mal. Elle a lutté pour survivre au point où la mort était sa dernière chance. Elle m’a laissée tout seul dans ce monde sans même dire « au revoir ». Puis, je perdis le contrôle total de mon corps. Je n’avais pas d’autre choix que de vivre et danser dans la tempête.
Pendant ce temps, ma situation au Cameroun était de plus en plus compliquée au point où j’ai été forcé de partir. La première étape de mon voyage devient bientôt un périple de plusieurs milliers de kilomètres à travers le Nigeria, le Niger, l’Algérie, jusqu’à ce que j’arrive au Maroc, où j’y vis actuellement. Le voyage en Algérie a été l’une des expériences les plus difficiles de toute ma vie. J’ai passé deux semaines dans le désert du Sahara à la recherche d’une issue. Le manque d’eau et de nourriture m’a épuisé, le climat chaud de près de 50 degrés m’a torturé jusqu’à ce que je me retrouve sans espoir. Là, j’ai failli renoncer à mon existence. Je dois louer l’esprit de ma mère, mon cœur, mon âme, mon tout pour m’avoir guidé et protégé pendant cette période. Si je crois en Dieu aujourd’hui ce n’est pas parce que ma mère ou l’église m’a appris à le faire, mais à cause des merveilles qu’il a faites dans ma vie.
Je suis arrivé au Maroc dans les derniers mois de 2017. J’ai été reçu et reconnu comme réfugié par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Le HCR m’a par la suite suggéré de me rendre à un endroit, la Fondation Orient-Occident, qui allait devenir le fondateur de mon nouveau monde, de mon nouveau rêve et de l’endroit où j’habite. Ici, on m’a offert des études gratuites, et la possibilité d’améliorer mes compétences linguistiques en anglais, français et arabe. En outre, j’ai étudié la radiodiffusion pendant six mois, et j’étais engagé dans une expérience de démarrage. J’ai appris à construire des projets ainsi que des plans financiers et commerciaux.
Ma vie au Maroc s’est développée positivement et je suis aussi un membre fondateur du projet de web radio TV de Salam Media situé à Salé. J’ai également participé à la création de « l’Odyssée de Notre Temps », de la maison Jean-Luc, dans le cadre du festival « Karacena » 2018, organisé par l’Ecole Nationale de Cirque Shems’y où j’étudie actuellement comme artiste. Je profite de cette occasion pour remercier le HCR et la Fondation Orient-Occident de m’avoir redonner les espoirs et la foi que j’ai perdus dans toute ma vie. Je tiens également à remercier mon ami Jack Ruszkowski et son amie Amanda Daskavich avec Mme Delphine Dubois et Mme Celine Lambre, et, en général, tous les membres de l’Odyssée – c’est grâce à vous que je me sens libre d’écrire mon petit portrait. Rien ne m’en dit plus sur la façon d’être vivant maintenant que d’apprendre de ceux qui le sont ; pour cela, je ressens l’inspiration d’écouter les histoires des autres, et je souhaite aider la Fondation Orient-Occident en organisant et en recueillant les histoires de ses gens et celles de leurs voyages. J’ai réalisé à quel point la vie est meilleure quand on partage avec les autres. »
Ephesian a aidé la Fondation en effectuant un stage avec l’équipe de communication, dans le cadre d’un projet de narration. Depuis 2018, il a quitté le Maroc et dans le cadre du programme de réinstallation du HCR pour les réfugiés, il a pu commencer sa nouvelle vie aux Etats-Unis. Il y vit actuellement où il a trouvé un emploi, et prévoit bientôt de commencer un baccalauréat au sein d’une université.